Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/268

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« Trotwood, me dit M. Dick d’un air mystérieux après m’avoir fait cette confidence un mercredi, qui est cet homme qui se cache près de notre maison pour lui faire peur ?

— Pour faire peur à ma tante, monsieur ? »

M. Dick fit un signe d’assentiment.

«  Je croyais que rien au monde ne pouvait lui faire peur, dit-il, car c’est… Ici il baissa la voix ; c’est… ne le répéter pas… la plus sage et la plus admirable de toutes les femmes. »

Après quoi il fit un pas en arrière pour voir l’effet que produisait sur moi cette définition de ma tante.

« La première fois qu’il est venu, dit M. Dick, c’était… voyons donc : seize cent quarante-neuf est la date de l’exécution du roi Charles. Je crois que vous avez bien dit seize cent quarante-neuf ?

— Oui monsieur.

— Je n’y comprends rien, dit M. Dick très-troublé et secouant la tête ; je ne crois que je puisse être aussi vieux que cela.

— Est-ce que c’est cette année-là que cet homme a paru, monsieur ? demandai-je.

— En vérité, dit M. Dick, je ne vois pas trop comment cela peut se faire, Trotwood. Vous avez trouvé cette date-là dans l’histoire ?

— Oui, monsieur.

— Et l’histoire ne ment-elle jamais ? Qu’en dites-vous ? hasarda M. Dick avec un éclair d’espoir.

— Oh ciel ! non, monsieur, certainement non, répondis-je du ton le plus positif. J’étais jeune et innocent alors, et je le croyais.

— Je n’y comprends rien, reprit M. Dick eu hochant la tête. Il y a quelque chose de travers je ne sais où. En tout cas, c’était peu de temps après qu’on avait eu la maladresse de verser dans ma tête un peu du trouble qui était dans celle du roi Charles que cet homme vint pour la première fois. Je me promenais avec miss Trotwood après avoir pris le thé ; il faisait nuit lorsque je l’ai vu là tout près de la maison.

— Est-ce qu’il se promenait ? demandai-je.

— S’il se promenait ? répéta M. Dick. Voyons donc que je me souvienne. Non, non, il ne se promenait pas. »

Je demandai, pour arriver plus vite au but, ce qu’il faisait.

« Mais il n’était pas là du tout, dit M. Dick, jusqu’au moment où il s’est approché d’elle par derrière et lui a dit un