Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/382

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sur la vie que j’allais mener, pour me donner de la fermeté et de la confiance en moi-même, la seule chose qui me manquât encore. Elle me répéta le même avis plusieurs fois le lendemain, pendant que nous prenions nos arrangements pour faire venir mes habits et mes livres qui étaient chez M. Wickfield. J’écrivis à ce sujet une longue lettre à Agnès, dans laquelle je lui racontais en même temps mes dernières vacances ; ma tante, qui devait partir le jour suivant, se chargea de mon épître. Pour ne pas prolonger ces détails, j’ajouterai seulement qu’elle pourvut libéralement à tous les besoins que je pouvais avoir à satisfaire pendant le mois d’essai ; que Steerforth, à notre grand désappointement, n’apparut pas avant son départ ; que je ne la quittai qu’après l’avoir vue installée en sûreté dans la diligence de Douvres, avec Jeannette à côté d’elle, et triomphant d’avance des victoires qu’elle allait remporter sur les ânes errants ; qu’enfin, après le départ de la diligence, je repris le chemin d’Adelphi, en songeant au temps où je rôdais dans ses arcades souterraines, et aux heureux changements qui m’avaient ramené sur l’eau.


N’était-ce pas une bien belle chose que d’être chez moi, dans ce bel appartement, et d’éprouver, quand j’avais fermé la porte d’entrée, le même sentiment de fière indépendance que Robinson Crusoé quand il avait escaladé ses fortifications et retiré son échelle derrière lui ? N’était-ce pas une belle chose que de me promener dans la ville avec la clef de ma maison dans ma poche, et de savoir que je pouvais inviter qui je voudrais à venir chez moi, sans avoir à craindre de gêner personne, quand cela ne me dérangerait pas moi-même ? N’était-ce pas une belle chose que de pouvoir entrer et sortir, aller et venir sans rendre de compte à personne, et, d’un coup de sonnette, de faire monter mistress Crupp tout essoufflée des profondeurs de la terre, quand j’avais besoin d’elle… et quand il lui convenait de venir ? Certainement oui, c’était une bien