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Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/389

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Vous saviez bien que vous ne pouvez pas fumer ! » Il y avait après cela quelqu’un qui n’était pas bien solide sur ses jambes et qui se regardait dans la glace. C’était encore moi. Je me trouvais l’air pâlot, les yeux vagues, et les cheveux, seulement les cheveux, rien de plus… ivres.

Quelqu’un me dit : « Allons au spectacle, Copperfield ! » Je ne vis plus la chambre à coucher, je ne vis que la table branlante, couverte de verres retentissants, avec la lampe dessus ; Grainger était à ma droite, Markham à ma gauche, Steerforth en face, tous assis dans le brouillard et loin de moi.

« Au spectacle ? sans doute ! c’est cela ! allons ! excusez-moi seulement si je sors le dernier pour éteindre la lampe, de peur du feu. »

Grâce à quelque confusion dans l’obscurité, sans doute, il fallait que la porte fût partie je ne la trouvais plus. Je la cherchai dans les rideaux de la fenêtre, quand Steerforth me prit par le bras en riant, et me fit sortir. Nous descendîmes l’escalier, les uns après les autres. Au moment d’arriver en bas, quelqu’un tomba et roula jusqu’au palier. Je ne sais quel autre dit que c’était Copperfield. J’étais indigné de ce faux rapport jusqu’au moment où, me trouvant sur le dos dans le corridor, je commençai à croire qu’il y avait peut-être quelque fondement à cette supposition.

Il faisait cette nuit-là un brouillard épais avec des halos de lumière autour des réverbères dans la rue. On disait vaguement qu’il pleuvait. Moi, je trouvais qu’il gelait. Steerforth m’épousseta sous un réverbère, retapa mon chapeau que quelqu’un avait ramassé quelque part, je ne sais comment, car je ne l’avais pas auparavant. Steerforth me dit alors : « Comment vous trouvez-vous, Copperfield ? » Et je lui répondis : « Mieuxq’jamais. »

Un homme, niché dans un petit coin, m’apparut à travers le brouillard, et reçut l’argent de quelqu’un, en demandant si on avait payé pour moi ; il eut l’air d’hésiter (autant que je me rappelle cet instant, rapide comme un éclair) s’il me laisserait entrer ou non. Le moment d’après, nous étions placés très-haut dans un théâtre étouffant ; nous plongions de là dans un parterre qui m’avait l’air de fumer, tant les gens qui y étaient entassés se confondaient à mes yeux. Il y avait aussi une grande scène qui paraissait très-propre et très-unie, quand on venait de la rue ; et puis il y avait des gens qui s’y promenaient, et qui parlaient de quelque chose, mais d’une