Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/471

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« Pour ne plus jamais, ô Steerforth, Dieu vous pardonne ! toucher, avec un sentiment de tendresse et d’amitié, votre main, en ce moment insensible… Oh non, non ; plus jamais ! »


J’arrivai le soir à Yarmouth et j’allai à l’auberge. Je savais que la chambre de réserve de Peggotty, ma chambre, devait être bientôt occupée par un autre, si ce grand Visiteur à qui tous les vivants doivent faire place n’était pas déjà arrivé dans la maison. Je me rendis donc à l’hôtel pour y dîner et pour y retenir un lit.

Il était dix heures du soir quand je sortis. La plupart des boutiques étaient fermées, et la ville était triste. Lorsque j’arrivai devant la maison d’Omer et Joram, les volets étaient déjà fermés, mais la porte de la boutique était encore ouverte. Comme j’apercevais, dans le lointain, M. Omer qui fumait sa pipe, près de la porte de l’arrière-boutique, j’entrai, et lui demandai comment il se portait.

« Sur mon âme, est-ce bien vous ? dit M. Omer. Comment allez-vous ? prenez un siège. La fumée ne vous incommode pas, j’espère ?

— Pas du tout, au contraire, je l’aime.… dans la pipe d’un autre.

— Pas dans la vôtre ? dit M. Omer en riant. Tant mieux, monsieur, mauvaise habitude pour les jeunes gens. Asseyez-vous ; moi, si je fume, c’est à cause de mon asthme. »

M. Omer m’avait fait de la place et avait avancé une chaise pour moi. Il se rassit tout hors d’haleine, aspirant la fumée de sa pipe comme s’il espérait y trouver le souffle nécessaire à son existence.

« Je suis bien fâché des mauvaises nouvelles qu’on m’a données de M. Barkis, lui dis-je. »

M. Omer me regarda d’un air grave et secoua la tête.

« Savez-vous comment il va ce soir ? lui demandai-je.

— C’est précisément la question que je vous aurais faite,