Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/211

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tremble un peu moins, mais qu’elle ne lâche pas la main d’Agnès ; que le service continue sérieux et tranquille ; que lorsqu’il est fini, nous nous regardons à travers nos larmes et nos sourires ; que, dans la sacristie, ma chère petite femme sanglote, en appelant son papa, son pauvre papa !

Que bientôt elle se remet et que nous signons sur le grand livre chacun notre tour ; que je vais chercher Peggotty dans les tribunes pour qu’elle vienne signer aussi, et qu’elle m’embrasse dans un coin, en me disant qu’elle a vu marier ma pauvre mère ; que tout est fini et que nous nous en allons.

Que je sors de l’église joyeux et fier, en donnant le bras à ma charmante petite femme ; que j’entrevois, à travers un nuage, des visages amis, et la chaire, et les tombeaux, et les bancs, et l’orgue, et les vitraux de l’église, et qu’à tout cela vient se mêler le souvenir de l’église où j’allais avec ma mère, quand j’étais enfant ; ah ! qu’il y a longtemps !

Que j’entends dire tout bas aux curieux, en nous voyant passer : « Ah ! le jeune et beau petit couple ! quelle jolie petite mariée ! » Que nous sommes tous gais et expansifs, tandis que nous retournons à Putney ; que Sophie nous raconte comme quoi elle a manqué de se trouver mal, quand on a demandé à Traddles la licence que je lui avais confiée ; elle était convaincue qu’il se la serait laissé voler dans sa poche s’il ne l’avait pas perdue avant ; qu’Agnès rit de tout son cœur, et que Dora l’aime tant qu’elle ne veut pas se séparer d’elle, et lui tient toujours la main.

Qu’il y a un grand déjeuner avec une foule de bonnes et de jolies choses, dont je mange, sans me douter le moins du monde du goût qu’elles peuvent avoir (c’est naturel, quand on rêve) ; que je ne mange et ne bois, pour ainsi dire, qu’amour et mariage ; car je ne crois pas plus à la solidité des comestibles qu’à la réalité du reste.

Que je fais un discours dans le genre des rêves, sans avoir la moindre idée de ce que je veux dire : je suis même convaincu que je n’ai rien dit du tout ; que nous sommes tout simplement et tout naturellement aussi heureux qu’on peut l’être, en rêve, bien entendu ; que Jip mange de notre gâteau de noces, ce qui plus tard ne lui réussit pas merveilleusement.

Que les chevaux de poste sont prêts ; que Dora va changer de robe ; que ma tante et miss Clarissa restent avec nous ; que nous nous promenons dans le jardin ; que ma tante a fait, à