Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/306

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voilée, la tête penchée sur sa poitrine, et serrant contre la sienne les joues pâles et froides de sa nièce chérie, il l’emporta lentement au bas de l’escalier.


Le lendemain matin, de bonne heure, je me promenais dans le jardin avec ma tante (qui ne se promenait plus guère ailleurs, parce qu’elle tenait presque toujours compagnie à ma chère Dora), quand on vint me dire que M. Peggotty désirait me parler. Il entra dans le jardin au moment ou j’allais à sa rencontre, et s’avança vers nous tête nue, comme il faisait toujours quand il voyait ma tante, pour laquelle il avait un profond respect. Elle savait tout ce qui s’était passé la veille. Sans dire un mot, elle l’aborda d’un air cordial, lui donna une poignée de main, et lui frappa affectueusement sur le bras. Elle y mit tant d’expression, que toute parole eût été superflue. M. Peggotty l’avait parfaitement comprise.

« Maintenant, Trot, dit ma tante, je vais rentrer, pour voir ce que devient Petite-Fleur, qui va se lever bientôt.

— Ce n’est pas à cause de moi, madame, j’espère ? dit M. Peggotty. Et pourtant, si mon esprit n’a pas pris ce matin la clef du chant,… il voulait dire la clef des champs,… j’ai bien peur que ce ne soit à cause de moi que vous allez nous quitter ?

— Vous avez quelque chose à vous dire, mon bon ami, reprit ma tante ; vous serez plus à votre aise sans moi.

— Mais, madame, répondit M. Peggotty, si vous étiez assez bonne pour rester… à moins que mon bavardage ne vous ennuie…

— Vraiment ? dit ma tante, d’un ton affectueux et bref à la fois. Alors, je reste. »

Elle prit le bras de M. Peggotty et le conduisit jusqu’à une petite salle de verdure qui se trouvait an fond da jardin ; elle s’assit sur an banc, et je me plaçai à côté d’elle. M. Peggotty resta debout, la main appuyée sur la table de bois rustique. Il était immobile, les yeux fixés sur son bonnet, et je ne