Aller au contenu

Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

canot sur l’océan des entreprises, j’ai pesé de nouveau ce point capital, et je vous propose l’arrangement suivant, que j’ai libellé, je n’ai pas besoin de le dire, sur papier timbré, d’après les prescriptions des divers actes du Parlement relatifs à cette sorte de garanties : j’offre le remboursement aux échéances ci-dessous indiquées, dix-huit mois, deux ans, et deux ans et demi. J’avais d’abord proposé un an, dix-huit mois, et deux ans ; mais je craindrais que le temps ne fût un peu court pour amasser quelque chose. Nous pourrions, à la première échéance, ne pas avoir été favorisés dans nos récoltes, » et M. Micawber regardait par toute la chambre comme s’il y voyait quelques centaines d’ares d’une terre bien cultivée, « ou bien il se pourrait que nous n’eussions pas encore serré nos grains. On ne trouve pas toujours des bras comme on veut, je le crains, dans cette partie de nos colonies où nous devrons désormais lutter contre la fécondité luxuriante d’un sol vierge encore.

— Arrangez cela comme il vous plaira, monsieur, dit ma tante.

— Madame, répliqua-t-il, mistress Micawber et moi, nous sentons vivement l’extrême bonté de nos amis et de nos parents. Ce que je désire, c’est d’être parfaitement en règle, et parfaitement exact. Nous allons tourner un nouveau feuillet du livre de la vie, nous allons essayer d’un ressort inconnu et prendre en main un levier puissant : je tiens, pour moi, comme pour mon fils, à ce que ces arrangements soient conclus, comme cela se doit, d’homme à homme. »

Je ne sais si M. Micawber attachait à cette dernière phrase un sens particulier. Je ne sais si jamais ceux qui l’emploient sont bien sûrs que cela veuille dire quelque chose, mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’il aimait beaucoup cette locution, car il répéta, avec une toux expressive : « Comme cela se doit, d’homme à homme. »

« Je propose, dit M. Micawber, des lettres de change ; elles sont en usage dans tout le monde commerçant (c’est aux juifs, je crois, que nous devons en attribuer l’origine, et ils n’ont su que trop y conserver encore une bonne part, depuis ce jour) ; je les propose parce que ce sont des effets négociables. Mais si on préférait toute autre garantie, je serais heureux de me conformer aux vœux énoncés à ce sujet : Comme cela se doit d’homme à homme. »

Ma tante déclara que, quand on était décidé des deux côtés