Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/415

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« Quelle agréable musique, n’est-ce pas, mon cher Copperfield ? dit Traddles. C’est charmant à entendre ; il faut ça pour égayer ce vieil appartement. Pour un malheureux garçon qui à vécu seul toute sa vie, c’est délicieux, c’est charmant. Pauvres filles ! elles ont tant perdu en perdant Sophie !… car c’est bien, je vous assure, Copperfield, la meilleure fille ! Aussi, je suis charmé de les voir s’amuser. La société des jeunes filles est quelque chose de délicieux, Copperfield. Ce n’est pas précisément conforme au décorum de ma profession ; mais c’est égal, c’est délicieux. »

Je remarquai qu’il me disait tout cela avec un peu d’embarras ; je compris que par, bonté de cœur, il craignait de me faire de la peine, en me dépeignant trop vivement les joies du mariage, et je me hâtai de le rassurer en disant comme lui, avec une vivacité d’expression qui parut le charmer.

« Mais à dire vrai, reprit-il, nos arrangements domestiques, d’un bout a l’autre, ne sont pas trop d’accord avec ma profession, mon cher Copperfield. Même, le séjour de Sophie ici, ce n’est pas trop conforme au décorum de la profession, mais nous n’avons pas d’autre logement. Nous nous sommes embarqués sur un radeau, et nous sommes décidés à ne pas faire les difficiles. D’ailleurs Sophie est une si bonne ménagère ! Vous serez surpris de voir comme elle a casé ces demoiselles. C’est à peine si je le comprends moi-même.

— Combien donc en avez-vous ici ? demandai-je.

— L’aînée, la Beauté, est ici, me dit Traddles, à voix basse ; Caroline et Sarah aussi, vous savez, celle que je vous disais qui a quelque chose à l’épine dorsale : elle va infiniment mieux. Et puis après cela, les deux plus jeunes, que Sophie a élevées, sont aussi avec nous. Et Louisa donc, elle est ici !

— En vérité ! m’écriai -je.

— Oui, dit Traddles. Eh bien ! l’appartement n’a que trois chambres, mais Sophie a arrangé tout cela d’une façon vraiment merveilleuse, et elles sont toutes casées aussi commodément que possible. Trois dans cette chambre, dit Traddles, en m’indiquant une porte, et deux dans celle-là. »

Je ne pus m’empêcher de regarder autour de moi, pour chercher où pouvaient se loger M. et mistress Traddles. Traddles me comprit.

«  Ma foi ! dit-il, comme je vous disais tout à l’heure, nous ne sommes pas difficiles ; la semaine dernière, nous avons improvisé un lit ici, sur le plancher. Mais il y a une petite