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Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/441

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c’est-à-dire, comme vous savez, le système cellulaire. Qu’en pensez-vous ?

— Du système ? me demanda Traddles, d’un air grave.

— Non. Mais croyez-vous que je doive accepter son offre, et lui annoncer que vous y viendrez avec moi ?

— Je n’y ai pas d’objection, dit Traddles.

— Alors, je vais lui écrire pour le prévenir. Vous rappelez-vous (pour ne rien dire de la façon dont on nous traitait) que ce même Creakle avait mis son fils à la porte de chez lui, et vous souvenez-vous de la vie qu’il faisait mener à sa femme et à sa fille ?

— Parfaitement, dit Traddles.

— Eh bien, si vous lisez sa lettre, vous verrez que c’est le plus tendre des hommes pour les condamnés chargés de tous les crimes. Seulement je ne suis pas bien sûr que cette tendresse de cœur s’étende aussi à quelque autre classe de créatures humaines. »

Traddles haussa les épaules, mais sans paraître le moins du monde surpris. Je ne l’étais pas moi-même, j’avais déjà vu trop souvent de semblables parodies en action. Nous fixâmes le jour de notre visite, et j’écrivis le soir même à M. Creakle.

Au jour marqué, je crois que c’était le lendemain, mais peu importe, nous nous rendîmes, Traddles et moi, à la prison où M. Creakle exerçait son autorité. C’était un immense bâtiment qui avait dû coûter fort cher à construire. Comme nous approchions de la porte, je ne pua m’empêcher de songer au tollé général qu’aurait excité dans le pays le pauvre innocent qui aurait proposé de dépenser la moitié de la somme pour construire une école industrielle en faveur des jeunes gens, ou un asile en faveur des vieillards dignes d’intérêt.

On nous fit entrer dans un bureau qui aurait pu servir de rez-de-chaussée à la tour de Babel, tant il était solidement construit. Là nous fûmes présentés à notre ancien maître de pension, au milieu d’un groupe qui se composait de deux on trois de ces infatigables magistrats, ses collègues, et de quelques visiteurs venus à leur suite. Il me reçut comme un homme qui m’avait formé l’esprit et le cœur, et qui m’avait toujours aimé tendrement. Quand je lui présentai Traddles, M. Creakle déclara, mais avec moins d’emphase, qu’il avait également été le guide, le maître et l’ami de Traddles. Notre vénérable pédagogue avait beaucoup vieilli, mais ce n’était pas à son avantage. Son visage était toujours aussi méchant ;