Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/449

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— Excellente miss Mowcher ! m’écriai-je.

— C’était bien la cas de le dire, si vous l’aviez vue comme moi, debout sur une chaise, au banc des témoins, le jour du jugement. Quand elle l’avait arrêté, il lui avait fait une grande balafre à la figure, et l’avait maltraitée de la façon la plus brutale, mais elle ne l’a lâché que quand elle l’a vu sous les verrous. Et même elle le tenait si obstinément, que les agents de police ont été obligés de les emmener ensemble. Il n’y avait rien de plus drôle que sa déposition ; elle a reçu des compliments de toute la Cour, et on l’a ramenée chez elle en triomphe. Elle a dit devant la tribunal que, le connaissant comme elle le connaissait, elle l’aurait arrêté tout de même, quand elle aurait été manchote, et qu’il eût été fort comme Samson. Et, en conscience, je crois qu’elle l’aurait fait comme elle le disait. »

C’était aussi mon opinion, et j’en estimais davantage miss Mowcher.

Nous avions vu tout ce qu’il y avait à voir. En vain nous anrions essayé de faire comprendre à un homme comme le vénérable M. Creakle, que Vingt-sept et Vingt-huit étaient des gens de caractère qui n’avaient nullement changé, qu’ils étaient ce qu’ils avaient toujours été : de vils hypocrites faits tout exprès pour cette espèce de confession publique : qu’ils savaient aussi bien que nous, que tout cela était coté à la bourse de la philanthropie et qu’on leur en rendrait compte aussitôt qu’ils allaient être loin de leur patrie ; en un mot, que ce n’était d’un bout à l’autre qu’un calcul infime, une imposture exécrable. Nous laissâmes la le Système et ses adhérents, et nous reprîmes le chemin de la maison, encore tout abasourdis de ce que nous venions de voir.

« Traddles, dis-je à mon ami, quand on a enfourché un mauvais dada, il vaut peut-être mieux en effet le surmener comme cela, pour le crever plus vite.

— Dieu vous entende ! » me répondit-il.