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Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/77

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expérience de Jorkins, Copperfield. Je voudrais qu’il en fût autrement, car je serais heureux de faire ce que vous désirez. Je n’ai pas la moindre objection à ce que vous en parliez à M. Jorkins, Copperfield, si vous croyez que ce soit la peine. »

Profitant de sa permission qu’il accompagna d’une bonne poignée de main, je restai dans mon coin, à penser à Dora, et à regarder le soleil qui quittait les tuyaux des cheminées pour éclairer le mur de la maison en face, jusqu’à l’arrivée de M. Jorkins. Je montai alors chez lui et vous n’avez jamais vu un homme plus étonné de recevoir une visite.

« Entrez, monsieur Copperfield, dit M. Jorkins, entrez donc. »

J’entrai, je m’assis, et je lui exposai ma situation, à peu près comme je l’avais fait à M. Spenlow. M. Jorkins n’était pas, à beaucoup près, aussi terrible qu’on eût pu s’y attendre. C’était un gros homme de soixante ans à l’air doux et bénin, qui prenait une telle quantité de tabac qu’on disait parmi nous que ce stimulant était sa principale nourriture, vu qu’il ne lui restait plus guère de place après, dans tout son corps, pour absorber d’autres articles de subsistance.

« Vous en avez parlé à M. Spenlow, je suppose ? dit M. Jorkins, après m’avoir écouté jusqu’au bout avec quelque impatience.

— Oui, monsieur, c’est lui qui m’a objecté votre nom.

— Il vous a dit que je ferais des objections ? » demanda M. Jorkins.

Je fus obligé d’admettre que M. Spenlow avait regardé la chose comme très-vraisemblable.

« Je suis bien fâché, monsieur Copperfield, dit M. Jorkins, très-embarrassé, mais je ne puis rien faire pour vous. Le fait est… Mais j’ai un rendez-vous à la Banque, si vous voulez bien m’excuser. »

Là-dessus il se leva précipitamment et allait quitter la chambre quand je m’enhardis jusqu’à lui dire que je craignais bien alors qu’il n’y eût pas moyen d’arranger l’affaire.

« Non, dit Jorkins en s’arrêtant à la porte pour hocher la tête, non, non, j’ai des objections, vous savez bien, continua-t-il en parlant très-vite, puis il sortit, vous comprenez, monsieur Copperfield, dit-il, en rentrant d’un air agité, que si M. Spenlow a des objections…

— Personnellement, il n’en a pas, monsieur.

— Oh ! personnellement, répéta M. Jorkins d’un air d’impatience ;