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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/180

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Et nous, infortunées victimes d’une idole implacable, avec quelle abjection nous cherchions à l’apaiser. Quelle honte, il me semble aujourd’hui, quelle honte et quelle dégradation, même pour des enfants, d’être si servilement soumis à un homme aussi médiocre !

Je me vois assis à mon pupitre, épiant humblement son regard, tandis qu’il règle le cahier d’une victime qui essuie ses larmes. Un double rang d’élèves épient, comme moi ce regard funeste avec la même anxiété, ne sachant lequel de nous va avoir son tour. Je crois, en vérité, que, malgré sa feinte indifférence, il nous guette de son côté et jouit malignement de cette cruelle fascination qu’il exerce sur ses jeunes victimes : on le devine à son oblique clignotement, et, bientôt, ayant choisi un second coupable : « Approchez ici ! » lui dit-il. L’infortuné obéit, balbutie une excuse, promet de mieux faire le lendemain : M. Creakle lui lance un quolibet avant de le battre, et nous d’en rire… oui, lâches que nous sommes, nous rions, pâles et tremblants !

Assis à mon pupitre encore, dans l’après-midi d’un jour étouffant de l’été, je sens que je m’assoupis en entendant autour de moi comme le bourdonnement de grosses mouches,