vestibule, et ayant l’habitude de l’ouvrir, j’entrai, sans frapper, d’un pas timide.
Mon Dieu, quel ressouvenir de ma première enfance réveille en moi le son de la voix que j’entends dans le salon ! Ma mère murmure un chant que je crois reconnaître, quoique nouveau pour mon oreille, un chant que je comparerais à la voix de ces figures amies dont on cherche à démêler les traits au retour d’une longue absence. Ah ! si j’ai déjà entendu cet air et ces paroles, ce doit être lorsqu’elle me berçait dans ses bras pour appeler le sommeil.
Le murmure mélancolique de la voix de ma mère me révélait qu’elle était seule… Je me glissai sans bruit dans le salon : elle était assise au coin du feu, seule en effet, dans ce sens qu’elle n’avait d’autre compagnon qu’un petit enfant à qui elle donnait le sein et qui entourait son cou de sa petite main. Elle le contemplait et lui chantait le refrain qui m’avait si tendrement ému.
« Ma mère ! » À ce mot que je prononçai sur le seuil de la porte, elle tressaillit et poussa un cri. Mais, en me voyant, elle m’appela son cher Davy, son cher enfant ! et, venant au-devant de moi jusqu’au milieu du salon, s’a-