Aller au contenu

Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en temps pour répondre à Minette et à Joram, dont la causerie ne tarissait pas : ils m’adressèrent deux ou trois fois la parole ; mais je boudais, sombre et silencieux, choqué de leurs joyeux propos, et m’étonnant que le ciel ne punît pas ce qui me semblait une grande dureté de cœur.

Quand nous fîmes une halte pour rafraîchir le cheval, je refusai d’accepter aucune des friandises qu’ils avaient touchées, préférant ne rien manger, et quand nous fûmes à quelques pas de la maison, je me laissai glisser de la voiture par derrière, aussi lestement que possible, afin de ne pas me trouver avec eux devant ces mélancoliques croisées qui me faisaient l’effet de grands yeux frappés tout-à-coup de cécité. Et moi qui m’étais inquiété de savoir ce qui rouvrirait la source de mes larmes ! il suffit de la fenêtre de la chambre de ma mère à côté de celle qui, en des temps plus heureux, avait été la mienne.

J’étais dans les bras de Peggoty avant d’avoir franchi le seuil de la porte, et ce fut avec elle que j’entrai. Sa douleur avait éclaté dès qu’elle m’avait aperçu ; mais elle la contint, me parla à voix basse et évita de faire du bruit en marchant, comme si on pouvait trou-