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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/275

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» — C’est que je sens cela plus que personne, » répondit la veuve plaintive ; « je suis une créature isolée et il n’y avait que la petite Émilie qui ne me contrariât pas. »

À ces mots, Mrs Gummidge, murmurant et hochant la tête, se mit à souffler le feu. Le bon M. Daniel Peggoty, nous regardant, sa sœur et moi, avec la main sur le coin de la bouche pour n’être pas entendu de la pauvre femme, nous dit à demi-voix : — « Elle pense à l’ancien. » De tout cela je conclus que Mrs Gummidge n’avait pas changé non plus.

Je dois le dire, quelque plaisir que j’éprouvasse à me retrouver dans cette originale habitation qui m’avait tant charmé lors de ma première visite, il me sembla qu’un certain désappointement se mêlait à ce plaisir : peut-être était-ce parce que la petite Émilie n’était pas là ; sachant par où elle devait passer pour revenir, je sortis pour aller au-devant d’elle.

Je ne tardai pas à l’apercevoir de loin. Elle était toujours la petite Émilie, quoi qu’elle eût grandi et se fût développée. À mesure qu’elle approchait, je remarquai tout ce que sa petite personne avait acquis de grâces : sa physionomie était devenue à la fois plus réfléchie et plus vive, ses yeux avaient une teinte bleue