Aller au contenu

Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» — Certainement, ma tante, » répondis-je.

« — Ce n’est pas, » dit ma tante, « la langue des affaires, ni même celle du monde. Je le sais, et c’est pourquoi j’insiste pour qu’il ne dise pas un mot de cela dans son Mémoire.

« — Est-ce un Mémoire sur sa propre histoire qu’il écrit, ma tante ? » demandai-je.

» — Oui, mon enfant, » répondit-elle en se grattant encore le front : « il compose un Mémoire pour le lord-chancelier ou le lord n’importe qui, — pour un de ces personnages qu’on paye afin d’avoir le droit de leur adresser des Mémoires ; il relate dans le sien ce qu’on lui a fait. Je suppose qu’il l’aura terminé un de ces jours… Il n’a pu encore le rédiger sans y introduire sa façon particulière de s’exprimer, et il recommence souvent ; mais, qu’importe ? cela l’occupe. »

Dans le fait, j’appris, par la suite, que M. Dick s’efforçait depuis plus de dix ans d’évincer Charles Ier de son Mémoire, sans pouvoir y parvenir. Charles Ier y revenait toujours et il y était encore.

« — Je vous le répète, » reprit ma tante, « il n’y a que moi qui sache ce qu’est l’esprit de cet homme, et c’est la nature la plus douce et la plus affectueuse qui soit au monde ; il