CHARLES DICKENS.
L’Histoire personnelle de David Copperfield est celui des romans de Charles Dickens qu’il considère comme son chef-d’œuvre, et la critique anglaise a été de la même opinion que l’auteur. Populaire comme est Charles Dickens, aimé personnellement des lecteurs mêmes qui ne le connaissent pas, on ne saurait être surpris d’ailleurs du succès d’un ouvrage où non-seulement on admire toutes les qualités de son talent original, mais où l’on trouve encore tant d’allusions à sa propre histoire, tant de sentiments et tant d’événements qui lui sont communs avec son héros. En effet, David Copperfield est ce qu’on peut appeler une autobiographie romanesque, où le romancier s’est introduit lui-même et plusieurs personnages réels à côté de lui, en substituant des pseudonymes aux noms propres. Mais il y a mieux dans cette fiction que la vérité biographique, il y a ce qui place Charles Dickens au rang de Foë, de Lesage et de Fielding, « la vérité humaine,» celle qui intéresse les Français aussi bien que les Anglais, l’étude de la vie. C’est parce que cette vérité-là recommande aussi tous les grands ouvrages qui ont précédé David Copperfield, que, dans ces ouvrages-là, on avait aussi curieusement cherché à deviner si Charles Dickens ne s’était pas peint lui-même sous les traits d’Oliver Twist, le pauvre enfant de paroisse, et sous ceux de Nicholas Nickleby, le sous-maître d’un de ces pédagogues tyrans dont M. Creakle nous offre un second type, etc., etc.
J’ai raconté quelques-unes de ces suppositions indirectes