rayon du jour brilla sur le miroir encadré de coquillages, je sautai à bas du lit et j’allai avec la petite Émilie ramasser des cailloux sur le bord de l’eau.
« — Vous êtes tout-à-fait un matelot, je suppose, dis-je à Émilie croyant lui faire un compliment.
» — Non, répondit Émilie en hochant la tête, j’ai peur de la mer.
» — Peur ! dis-je avec un air fier et faisant de gros yeux à l’Océan ; je n’ai pas peur, moi.
» — Ah ! la mer est si cruelle, dit Émilie. Je l’ai vue si cruelle pour quelques-uns de nos pêcheurs ! je l’ai vue briser en pièces une barque aussi grande que notre maison.
» — J’espère que ce n’est pas celle dans laquelle…
» — Dans laquelle… mon père fut noyé ? Non, dit Émilie. Ce n’est pas celle-là, je ne l’ai jamais vue.
» — Ni lui ? demandai-je. »
La petite Émilie dit tristement ; « Pas assez pour m’en souvenir. »
C’était une coïncidence entre elle et moi ! Je me mis aussitôt à lui expliquer comment je n’avais jamais vu mon père ; comment ma mère et moi nous avions toujours vécu tous les deux