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tandis que Steerforth, logé à l’auberge, pouvait ne consulter que son goût et son caprice. Voilà comment je ne sus que par ouï-dire qu’il allait à la pêche avec M. Daniel, y passant la nuit et ne revenant que le matin, selon la marée ; rien de tout cela ne me surprenait, d’ailleurs, connaissant le besoin qu’il avait d’occuper son imagination inquiète et son audace naturelle.

Il était enfin une excursion qui n’eut plus aucun intérêt pour Steerforth lorsqu’il l’eut faite une fois. C’était l’excursion de Blunderstone, que je répétai fréquemment pour aller revisiter les lieux où j’avais passé ma première enfance. Je partais après le déjeuner et ne revenais que tard le soir. Comment Steerforth employait-il ces jours-là ? Je ne le savais pas précisément, et je me contentais d’apprendre d’une manière générale qu’il n’était pas embarrassé pour se distraire, tant il avait de ressources dans l’esprit. Il n’avait pas tardé, non plus, à se populariser parmi les pêcheurs.

Quant à moi, je ne me lassais pas de revoir les lieux dont le souvenir n’avait jamais cessé de charmer mes songes et ma rêverie. Je retrouvais avec une joie mélancolique le cimetière du hameau natal, l’if funèbre et le tom-