Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/161

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mandais si ses visions ressemblaient aux miennes, à l’époque où, m’éveillant avec le soleil levant, je suivais des yeux les agneaux qui paissaient tranquillement l’herbe verte croissant autour des pierres tumulaires.

Nos voisins, M. et Mrs Grayper, avaient émigré dans l’Amérique méridionale. La pluie avait effondré leur toiture et souillait de taches les murs extérieurs de la maison ; M. Chillip s’était remarié à une femme de haute taille, aux os prononcés et au nez proéminent. Elle l’avait rendu père d’un petit garçon, à la mine de fouine, promenant autour de lui deux yeux pâles et timides, comme s’il avait peine à s’accoutumer à la lumière et à la vie.

Quand l’heure du soir m’avertissait qu’il était temps de retourner à Yarmouth, je reprenais mon chemin du matin en évoquant les mêmes images, et si Steerforth m’avait attendu, je lui racontais avec bonheur ma promenade, ou, s’il était absent, c’était Peggoty qui m’écoutait pendant que je feuilletais le fameux livre des crocodiles, lecture de mon premier âge et conservé par elle comme un monument. Je me couchais ensuite, remerciant le ciel d’avoir donné à l’orphelin une seconde mère dans ma généreuse tante, une bonne