Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/254

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de penser que j’ai été un instrument utile pour M. Wickfield, et que je puis l’être plus encore. Oh ! quel digne homme il est, M. Copperfield, mais qu’il a été imprudent !

» — Je suis fâché de l’apprendre, » lui dis-je, « sous tous les rapports, » ajoutai-je avec une intention qui ne lui échappa pas.

» — Vous avez bien raison, M. Copperfield, vous avez bien raison, » répéta Uriah, « sous tous les rapports ; par rapport à Miss Agnès principalement. Vous ne vous rappelez pas votre propre expression si éloquente, M. Copperfield ; mais je n’ai pas oublié que vous me dîtes un jour que tout le monde devait l’admirer et que je vous en remerciai de tout mon cœur. L’avez-vous oublié, M. Copperfield ?

» — Non, » répondis-je sèchement.

« — Oh ! combien je suis charmé que vous ne l’ayez pas oublié ! » s’écria Uriah. « Quand je pense que vous êtes le premier qui allumâtes les étincelles de l’ambition dans mon humble poitrine, et que vous ne l’avez pas oublié ! »

L’emphase avec laquelle il appuyait sur ces étincelles de son ambition et le regard qu’il fixa sur moi, me firent tressaillir comme si je l’avais vu tout-à-coup s’illuminer, sans métaphore, d’une flamme brillante. En ce moment,