Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/262

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Avec quelle humilité il se récria sur ma proposition. Je voulus insister ; il résista si bien que je fus obligé de tout disposer près du feu pour qu’il y passât la nuit. Mon sopha fut bientôt changé en couchette, les coussins en oreiller, une nappe en draps, ma grosse redingote en couverture ; je lui prêtai aussi un bonnet de coton, et cette coiffure le rendit si horrible, que je n’ai plus mis de bonnet de coton de ma vie.

Je n’oublierai jamais cette nuit affreuse : quelle agitation dans mon lit ! Quel déplorable contraste, quand je réunissais par l’imagination Agnès et la créature qui aspirait à elle ! Quels projets au milieu de mon insomnie ! quels rêves quand, un moment, j’avais fermé les yeux ! c’était tantôt l’image d’Agnès et son père suppliants tous deux et me remplissant le cœur de vagues appréhensions ; tantôt l’apparition d’Uriah, et puis, au réveil, le souvenir que j’avais là, dans la pièce à côté de ma chambre, cet agent inférieur de la cour d’enfer !

Je rêvai aussi, une fois, qu’enfin j’avais saisi, dans le feu, le fer à tisonner, et que je l’avais passé tout rouge au travers du corps d’Uriah ! Je me levai en sursaut et j’allai vérifier s’il était toujours sur mon sopha. Il n’y