Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/328

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renonçant par moments à rendre ce qu’elle éprouvait autrement que par les notes basses d’un murmure articulé. Quand elle eut fini, je restais plongé dans une silencieuse rêverie, lorsque je fus témoin d’une autre scène inattendue. Steerforth avait quitté sa chaise ; il passait en riant un de ses bras autour de la taille de Miss Dartle, et il lui disait : « — Allons, Rosa, à l’avenir nous nous aimerons tendrement… »

Mais elle, en le repoussant avec la fureur d’un chat sauvage, l’avait frappé et s’était enfuie du salon.

« — Qu’est-il donc arrivé à Rosa ? » demanda Mrs  Steerforth survenant.

« — Ma mère, » répondit Steerforth, « elle a été un ange pendant quelques instants, et tout-à-coup, par compensation, elle est devenue tout le contraire de l’ange.

» — James, vous devriez prendre garde de ne pas l’irriter ; son caractère a été aigri, souvenez-vous-en, et il ne faut pas s’y jouer. »

Rosa ne revint pas, et il ne fut plus question d’elle jusqu’au moment où j’entrai dans la chambre de Steerforth pour lui souhaiter le bonsoir.

« — Avez-vous jamais vu une créature plus