CHAPITRE XVI.
Une perte.
J’arrivai à Yarmouth dans la soirée et descendis à l’auberge. Je savais que la seconde chambre de ma chère Peggoty, — ma chambre, — ne serait bientôt plus vide, si déjà même la maison n’avait pas reçu la visite de cet Hôte auquel tous les vivants doivent faire place. Je descendis donc à l’auberge et j’y dînai à la hâte en y retenant un lit.
Il était dix heures quand je me dirigeai vers la demeure de M. Barkis ; la plupart des boutiques étaient closes, et la ville avait un air de tristesse. En passant devant Omer et Joram, j’aperçus, à travers la porte entrebâillée, le digne tailleur-passementier qui fumait sa pipe. J’entrai et lui demandai de ses nouvelles.
« — Et vous-même, M. Copperfield ? prenez donc un siège… ; j’espère que la fumée ne vous incommode pas.
» — Nullement, » répondis-je, « je l’aime… dans la pipe d’un autre.
» — C’est-à-dire pas dans la vôtre, eh ! » dit M. Omer en riant, « tant mieux, Monsieur, c’est une mauvaise habitude pour un jeune