Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/401

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les effeuiller. Dora était du nombre. Décidément ce présomptueux et moi nous ne pouvions long-temps fouler le même sol.

Favoris-Roux fit la salade (rien au monde ne m’y eût fait toucher !) et il s’institua le sommelier de la partie ; l’ingénieux animal construisit, il est vrai, un cellier dans un creux d’arbre. Bientôt je le vis, avec les trois quarts d’un homard sur son assiette, aux pieds de Dora.

À cette vue je me contins pour jouer une prétendue gaieté. Je m’attachai à une jeune créature en robe rouge, et coquetai avec elle en amant désespéré. Elle accueillit mes prévenances avec faveur : était-ce uniquement pour moi ou parce qu’elle avait des prétentions sur le cœur de Favoris-Roux ? je ne sais. On porta la santé de Dora. J’affectai alors d’interrompre ma causerie et de la reprendre immédiatement après… Je surpris un coup d’œil de Dora qui me semblait demander grâce ; mais ce coup d’œil me parvint par dessus la tête de Favoris-Roux et je fus insensible comme un roc.

La jeune personne en rouge avait une mère en vert, et je pense que celle-ci nous sépara par des motifs de politique maternelle. Quoi qu’il en fût, les groupes se rompirent pendant