Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/5

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plaintes et s’approchait peu à peu, avec un calme espoir, du trône de celui qui est le juge souverain de tous nos actes et de toutes nos pensées. Dans les régions de l’air, ma jeune imagination admirait comme M. Dick le cerf-volant que dorait la belle lumière du soleil, et, par la même raison, je ne pouvais résister à une réflexion de pitié triste, quand sa main, raccourcissant la ficelle, le ramenait vers nous jusqu’à ce qu’il retombât, semblable à un être frappé soudain de mort ; telle était sa propre pensée, sans doute, car il était facile de la lire dans ses yeux baissés vers la terre, comme si c’eût été là une de ses espérances qui venait de s’éteindre et de s’abattre à ses pieds.

Si mon intimité avec M. Dick devenait de jour en jour plus étroite, je faisais en même temps des progrès dans les bonnes grâces de ma tante. Elle se laissa si bien aller à m’aimer, qu’au bout de quelques semaines, ma chère protectrice abrégea mon nom de Trotwood en ne m’appelant que Trot. Les encouragements de son amitié me firent espérer que, si je continuais comme j’avais commencé, je pourrais bien remplacer tout-à-fait, pour elle, ma sœur Betsey Trotwood.

« — Trot, » me dit ma tante, un soir où elle