Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/294

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Je commandai à la hâte mon dîner, et retournai au chantier. Je n’y arrivai pas trop tôt, car le chef constructeur, une lanterne à la main, fermait la porte de la cour. Il rit de ma question, et répondit qu’il n’y avait pas à craindre que, par un temps pareil, un homme de sens ou même un fou prît la voie de mer, encore moins Cham Peggoty, élevé à bord d’un bateau.

Je comptais si bien sur cette réponse, que je m’étais senti vraiment honteux de la question, et cependant je l’avais faite malgré moi.

Je rentrai à l’auberge. En ce moment le vent redoublait de violence, sifflant, hurlant, mugissant sur tous les tons par les fentes des portes et des fenêtres ou par les tuyaux des cheminées. Ajoutez à ce vacarme le tumulte de la mer, le tremblement de la maison qui m’abritait sous son toit, l’obscurité de la nuit, en un mot, tout ce qui revêt une tempête de ses terreurs réelles ou imaginaires.

Je ne pouvais achever mon repas, je ne pouvais rester assis, je ne pouvais me fixer sur rien. Quelque chose au-dedans de moi-même, répondant à la tempête extérieure, y excitait un tumulte moral. Cependant, au milieu du désordre de mes idées, d’ac-