Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/380

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ry-Saint-Edmond, Monsieur, » me répondit-il. « Mrs Chillip ayant hérité d’une petite terre de ce canton à la mort de son père, j’y acquis une clientèle, et vous apprendrez avec plaisir que j’y réussis assez bien. Ma fille devient tout-à-fait une grande fille, Monsieur ; sa mère a encore été obligée de lui abaisser deux plis de ses robes, la semaine dernière. Comme le temps passe, n’est-ce pas, Monsieur ? »

Après cette réflexion, le petit docteur ayant porté son verre vide à ses lèvres, je lui proposai de le remplir de nouveau et d’en boire un moi-même avec lui.

« — Eh bien ! Monsieur, » dit-il, « c’est plus que je n’ai l’habitude de faire ; mais je ne puis me refuser le plaisir de votre conversation. Il me semble que c’est hier que j’avais le plaisir de vous donner des soins pour la rougeole. Et vous vous tirâtes admirablement de cette maladie éruptive, Monsieur ? »

Je le remerciai de ce compliment médical, et commandai le vin chaud, que le garçon eut bientôt servi. — « C’est une débauche que vous me faites faire, » dit M. Chillip en remuant le sucre avec sa cuiller ; « mais comment résister à une occasion si extraordinaire ? Avez-vous des enfants, Monsieur ? »