Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/84

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David a fait de moi un portrait qui ne promettait guère.

» — Au contraire, » reprit Dora, « c’est parce que votre opinion était tout pour lui que je la redoutais. »

La voiture qui devait nous ramener à Highgate, Agnès et moi, était à la porte. Pendant qu’Agnès mettait son chapeau, Dora vint se glisser furtivement près de moi, et avant de me donner le baiser d’adieu :

« — Ne pensez-vous pas, » me dit-elle, « que si j’avais depuis long-temps Agnès pour amie, j’aurais pu valoir plus que je ne vaux. 

» — Mon adorée, quelle absurdité me dites-vous-là ! 

» — Croyez-vous, êtes-vous bien sûr que ce soit une absurdité, » reprit Dora sans me regarder.

« — Sans doute. 

» — J’ai oublié de vous demander, méchant garçon, quelle parenté existe entre Agnès et vous ?

» — Aucune ; mais nous fûmes élevés ensemble comme frère et sœur. 

» — Comment avez-vous pu devenir amoureux de moi ? » me demanda Dora.

« — Et pouvais-je vous voir sans le devenir ?