Aller au contenu

Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 1.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’en monter une autre. À la fin, pourtant, ils arrivèrent au terme de leur ascension ; et là, dans une chambre de face donnant sur la vaste mer, Cornélia lui fit voir un joli petit lit garni de rideaux blancs et placé tout près de la croisée. Au-dessus de ce lit se trouvait déjà écrit, sur une pancarte, d’une magnifique écriture, avec des pleins bien larges et des déliés très-fins, le nom de Dombey. Dans la même chambre se trouvaient deux autres petits lits désignés de la même façon, comme appartenant à Briggs et l’autre à Tozer.

Juste au moment où ils étaient redescendus dans le vestibule, Paul vit le jeune domestique myope, qui avait si mortellement offensé Mme Pipchin, saisir tout à coup une énorme baguette de tambour et frapper à coups redoublés sur un tam-tam qui était suspendu là. On eût dit qu’il était devenu fou furieux et qu’il criait vengeance. Cependant, au lieu de se voir réprimander pour ce fait, ou conduire au violon pour ce tapage, le jeune homme s’en alla très-tranquillement après avoir rempli toute la maison d’un vacarme effroyable. Cornélia annonça alors à Dombey que c’était une manière d’avertir que le dîner serait prêt dans un quart d’heure, et qu’il ferait peut-être bien d’aller retrouver dans la classe ses camarades.

Dombey, passant avec le plus profond respect devant la grande horloge, qui s’inquiétait toujours de savoir des nouvelles de sa santé, entre-bâilla la porte de la classe et se glissa dans la pièce comme un enfant perdu ; puis il ferma la porte derrière lui, non sans difficulté. Ses camarades étaient tous dispersés çà et là dans la chambre, à l’exception du pauvre jeune homme, passé à l’état de statue, qui restait immobile à la même place. M. Feeder se détirait les membres dans son habit gris, et il y allait de si bon cœur qu’on eût pu croire qu’il était décidé à en faire craquer les manches, quitte à payer les frais.

« Hola ! la ! mon Dieu ! faisait M. Feeder en se secouant dans son harnais comme un cheval de charrette. Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! ya-a-a-ha ! »

Paul fut très-effrayé des bâillements de M. Feeder, il bâillait si puissamment et avec un sérieux si terrible ! Comme lui, tous les jeunes gens (à l’exception de Toots) semblaient n’en pouvoir plus en faisant un bout de toilette pour le dîner, les uns serrant encore leurs cravates, déjà bien roides pourtant ; les autres lavant leurs mains ou donnant un coup de brosse à leurs cheveux dans une antichambre attenante ; du reste ils se