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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 1.djvu/191

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deux petits chrétiens pour qui c’était aussi un jour de fête, et le saint jour du sabbat servait à accroître la tendresse d’un frère pour une sœur, et à resserrer plus étroitement les liens de leur affection.

Rien ne pouvait troubler la joie qu’il ressentait chaque fois que revenaient ces heureux samedis ; non, pas même la pensée de ces tristes soirs du dimanche, qui, dès le matin, jetaient un voile sombre sur la journée tout entière. Qu’il allât s’asseoir avec sa sœur sur le bord de cette mer immense et se promener avec elle sur la plage, ou bien qu’il se retrouvât avec elle dans le triste salon de Mme Pipchin, où Florence, appuyant sur son bras la petite tête de son frère, lui chantait doucement une chanson, le lieu ne lui faisait rien ; cela lui était bien égal, c’est Florence qui était tout pour lui. Aussi, quand arrivait le dimanche soir, que la sombre porte du docteur s’ouvrait toute grande pour l’engloutir encore une semaine entière, c’était pour lui le moment de se séparer de Florence : il ne voyait que cela.

Mme Wickam avait été dirigée sur la maison de ville, et miss Nipper, devenue maintenant une pimpante jeune fille, l’avait remplacée à Brighton. Plus d’un combat singulier fut livré bravement par miss Nipper à Mme Pipchin ; et si jamais Mme Pipchin avait trouvé à qui parler, c’était bien alors. Miss Nipper jeta le gant et tira l’épée dès le jour même où, pour la première fois, elle s’éveilla dans la maison de Mme Pipchin. Point de quartier dans ce duel à mort. Elle voulut la guerre et la fit à outrance. À partir de ce moment, Mme Pipchin vécut au milieu des embuscades, des escarmouches, des défis. On fondait sur elle à l’improviste dès le corridor, on la poursuivait même quand, digérant ses côtelettes, elle se trouvait sans défense ; enfin, l’on portait le ravage et la désolation jusque dans l’heure paisible de ses délicieuses rôties.

Un dimanche soir, que miss Nipper venait de reconduire Paul chez le docteur, accompagnée de Florence, celle-ci tira de son corsage une petite feuille de papier sur laquelle elle avait écrit quelques mots au crayon.

« Tenez, Suzanne, dit-elle, ce sont les noms des petits livres que Paul apporte ici pour faire ses longs exercices lorsqu’il est si fatigué ! Je les ai copiés, l’autre soir, pendant qu’il écrivait.

— Ne me les montrez pas, mademoiselle Florence, dit miss Nipper, j’aimerais autant voir Mme Pipchin.