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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 1.djvu/206

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deux rangées de dents frissonnantes comme pour le mordre, en vertu de quel traité avec ce jeune homme suis-je obsédé, pourchassé par votre nom ? N’est-ce pas encore assez, John Carker, d’être votre parent et de ne pouvoir me soustraire moi-même à cette…

— Dites à cette honte, James, fit l’autre à voix basse, en s’apercevant qu’il cherchait un mot. C’est là ce que vous voulez dire, et vous avez raison. Dites à cette honte.

— Eh bien ! oui, à cette honte, dit son frère d’un ton amer ; mais faut-il le dire et le trompeter sans cesse en présence même du chef de la maison ? Même dans des moments de conférence confidentielle ? Pensez-vous, John Carker, que votre nom soit fait pour être accolé à ces mots conférence confidentielle.

— Non, répondit l’autre, non, James. Dieu sait que je n’ai pas une telle présomption.

— Quelle est donc votre pensée alors, dit son frère, et pourquoi vous jetez-vous toujours sur mon chemin. Ne m’avez-vous pas déjà assez fait de tort ?

— Je ne vous ai jamais fait de tort sciemment, James.

— Vous êtes mon frère, dit le gérant, voilà un tort assez grand déjà.

— Celui-là, je suis bien fâché de ne pouvoir le réparer. Je voudrais que vous en eussiez vous-même le pouvoir aussi bien que la volonté. »

Pendant cette conversation, les yeux de Walter allaient d’un frère à l’autre avec une expression de douloureux étonnement. Celui qui était l’aîné par les années, quoique le cadet par position, se tenant les yeux fixés vers la terre, la tête inclinée, écoutait humblement les reproches de son frère. Le ton et le regard qui accompagnaient ces reproches, et la présence de Walter qui ne pouvait cacher ni sa surprise ni son embarras, les rendaient bien amers, et pourtant il ne cherchait pas à protester, et levait seulement sa main droite d’un ton suppliant qui semblait dire : « Épargnez-moi. » Il était là, devant son frère comme devant un bourreau, tendant la joue à ses coups, lui, un homme de cœur pourtant, comme s’il eût été retenu par une force puissante et affaibli par les souffrances.

Vif et généreux dans ses sentiments, et se regardant comme la cause innocente de ces reproches, Walter se mit à parler avec toute l’émotion qu’il ressentait :

« Monsieur Carker, dit-il en s’adressant au gérant, vraiment,