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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 1.djvu/226

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continueraient à rester aussi vides, aussi solitaires. Il se demandait encore si un autre enfant (quelque petit rococo comme lui) viendrait s’égarer là quelque jour, pour y voir, comme lui des dessins et des images aussi grotesques dans les meubles et les tapis ; si quelqu’un lui parlerait du petit Dombey, qui avait habité là avant lui.

Il pensait à un portrait placé dans l’escalier, qui le regardait toujours attentivement quand il s’éloignait, le suivant des yeux par-dessus son épaule, et qui, s’il venait à passer là avec un autre camarade, le regardait toujours, sans jamais regarder son compagnon. Ce portrait, il y pensait souvent, et aussi à un tableau suspendu dans un autre endroit où, dans le centre d’un groupe en extase, se voyait une figure qu’il connaissait, une figure entourée d’une auréole, et qui, pleine de douceur, de bonté, d’indulgence, se tenait debout, lui montrant du doigt le ciel.

Mais c’était surtout à la fenêtre de sa chambre que mille pensées se mêlaient à celles-là et se succédaient les unes aux autres, sans interruption, comme les vagues qui se suivent et se pressent. C’était à sa fenêtre qu’il se demandait dans quel lieu vivent les oiseaux sauvages qui sont toujours à planer sur la mer pendant l’orage ; d’où viennent les nuages et où ils commencent ; d’où part le vent dans sa course rapide et où il s’arrête ; si l’endroit où Florence et lui s’étaient tant de fois assis pour rêver et causer de tout cela serait toujours le même sans eux, s’il serait toujours le même pour Florence, en supposant qu’il ne fût pas là et qu’elle allât s’y asseoir toute seule.

Il pensait aussi à M. Toots, à M. Feeder, bachelier ès lettres, et à tous les élèves ; aussi au docteur Blimber, à Mme Blimber et à miss Blimber ; et puis à sa demeure qu’il allait revoir, à sa tante, à miss Tox, à son père, Dombey et fils, à Walter et au pauvre oncle qui avait eu l’argent dont il avait besoin, et à ce capitaine à la voix rauque, qui avait une main en fer. Outre tout cela, il avait une foule de petites visites à rendre pendant le cours de la journée. Il allait dans la classe, dans le cabinet du docteur Blimber, dans la chambre particulière de Mme Blimber, dans celle de miss Blimber, et n’oubliait pas même le chien. Car il avait liberté pleine et entière de circuler dans toute la maison et d’y faire tous les petits rangements qu’il voulait ; et comme il avait grand désir de quitter tout le monde en bons termes, il s’occupait de tous à sa manière. Quelquefois il retrouvait dans les livres des pas-