Personne ne répondit sur le moment ; mais son père dit aussitôt à Suzanne :
« Alors, rappelez-le, et qu’il monte ! »
Après un moment d’attente, pendant lequel il continua de regarder sa nourrice avec un sourire plein de surprise et d’intérêt, s’apercevant avec plaisir qu’elle n’avait pas oublié Florence, Walter parut dans la chambre. Sa figure ouverte et ses manières franches, ses yeux vifs et animés en avaient fait le favori de Paul. Aussi, quand l’enfant le vit, il avança sa main et lui dit :
« Adieu !
— Non, mon enfant, dit Mme Pipchin en s’approchant vivement de son lit. Non, non, pas adieu ! »
Un instant Paul la regarda de ce même regard pensif et rêveur qu’il avait souvent attaché sur elle, quand ils étaient au coin du feu.
« Ah ! si, reprit-il tranquillement, adieu ! cher Walter, adieu ! »
Et tournant sa tête de son côté, en étendant de nouveau la main :
« Où est papa ? » dit-il.
Ces mots n’étaient pas encore sortis de ses lèvres qu’il sentait sur sa joue le souffle brûlant de son père.
« Souvenez-vous de Walter, cher papa, dit-il tout bas en le regardant. Souvenez-vous de Walter. Je l’aimais beaucoup. »
Sa petite main languissante s’agita de nouveau comme pour crier encore à Walter : « Adieu ! adieu ! »
« Maintenant, couchez-moi, dit-il ; et vous, Florence, venez là, tout près de moi, que je vous voie. »
Le frère et la sœur s’enlacèrent dans les bras l’un de l’autre, et les rayons dorés vinrent tomber tout brillants sur eux, pendant qu’ils se tenaient ainsi serrés l’un contre l’autre.
« Oh ! Florence, comme le fleuve coule vite au milieu des vertes prairies et des roseaux ! Mais le voilà tout près de la mer ! J’entends les vagues ! C’est bien leur voix, c’est bien là ce qu’elles disaient toujours. »
Il ajouta ensuite :
« Le mouvement du bateau sur les eaux me berce et m’endort. Que les rives sont vertes, maintenant ! Que les fleurs, qui croissent sur les bords, sont brillantes ! Et que les roseaux sont hauts ! Voici le bateau qui arrive à la mer, mais il glisse