Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/174

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comme sur un pivot, et le pousse droit vers la chère dame que le cousin Feenix donne par conséquent à cet homme.

« Déclarent-ils à la face du ciel ?… »

Oui, ils déclarent à la face du ciel. M. Dombey le déclare. Et Edith ? Edith le déclare aussi.

Ainsi, à partir de ce jour, ils se jurent fidélité ; ils sont unis, pour vivre ensemble pour le bien comme pour le mal, dans la richesse comme dans la pauvreté, qu’ils soient malades ou bien portants, et devront s’aimer et se chérir jusqu’à ce que la mort vienne les séparer.

D’une main ferme et dégagée, la mariée signe le registre, quand on est revenu à la sacristie.

« Je n’ai pas encore vu beaucoup de dames, venir ici et écrire leur nom comme cette bonne dame. » dit Mme Miff, en faisant la révérence, et, quand elle fait la révérence, son chapeau menace de faire le plongeon.

Le bedeau, M. Sownds, pense que c’est une fameuse gaillarde de signature, bien digne de son auteur ; mais cette opinion, il la garde pour lui, bien entendu.

Florence signe aussi, mais elle n’obtient pas le même succès ; car sa main tremble. Tout le monde signe : le cousin Feenix signe le dernier, se trompe de feuillet en signant, et, s’inscrivant sur la page des naissances, il certifie qu’il est né ce jour-là.

Alors le major s’avance, embrasse la mariée, et profite de la circonstance pour donner à toutes ces dames un échantillon de la galanterie militaire, même à Mme Skewton, très-difficile à embrasser, par parenthèse, et dont les cris perçants ébranlent l’édifice. Le cousin Feenix et même M. Dombey, sont entraînés par l’exemple. Enfin M. Carker, avec ses dents toutes brillantes de blancheur s’approche d’Edith : on dirait qu’il songe à la mordre plutôt qu’à cueillir sur ses lèvres un délicieux baiser.

La joue empourprée d’Edith, ses yeux étincelants semblent l’inviter à se tenir à distance, mais rien ne l’arrête, il l’embrasse comme tout le monde et lui souhaite toute sorte de bonheur.

« Si, ajouta-t-il à voix basse, il n’est pas superflu de former des souhaits pour une telle union.

— Je vous remercie, monsieur, répond-elle, en plissant la lèvre, et la poitrine oppressée.

Edith sentirait-elle par hasard, comme le soir où elle savait