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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/251

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lours noir, plantée sur la tête d’une femme osseuse et muette, qui jouait de l’éventail, s’abandonna à la mélancolie et se mit à songer à part soi. Le cousin Feenix et la jeune dame étaient d’une gaieté folle, et la jeune dame riait si fort de ce que lui contait le cousin Feenix, que le major Bagstock demanda de la part de Mme Skewton, sa vis-à-vis, si l’histoire ne pouvait pas tomber dans le domaine public.

« Oh ! sur ma vie, dit le cousin Feenix, ce n’est rien ; cela ne vaut pas la peine d’être répété. En réalité, c’est tout bonnement un épisode de la vie de Jack Adams. Je suis sûr que mon ami Dombey (car l’attention générale était concentrée sur le cousin Feenix) se rappelle Jack Adams : Jack Adams, et non Jo ; Jo était son frère. Jack, le petit Jack, comme on l’appelait, qui louchait et qui avait un peu d’embarras dans la langue ; je ne sais plus quel bourg il représentait à la chambre des communes. Nous avions l’habitude de l’appeler du temps que j’étais au parlement, Adams bassinoire, parce qu’il en tenait lieu à un jeune mineur du pays, auquel il gardait sa place à la chambre pour la lui repasser toute chaude à sa majorité. Mon ami Dombey a peut-être connu notre homme ? »

M. Dombey, qui ne le connaissait pas plus que Guy Faux, fit un signe de tête négatif ; mais un des sept messieurs timides se posa tout de suite, en disant qu’il l’avait connu et que même il portait toujours des bottes à la hussarde.

« C’est bien cela, dit le cousin Feenix qui se pencha pour voir le monsieur timide et lui adresser un sourire d’encouragement du bout de la table ; celui-là c’était Jack : son frère Jo portait…

— Des bottes à revers, dit le monsieur timide qui montait, à chaque parole, dans l’estime publique.

— Ma foi ! il faut, dit le cousin Feenix, que vous ayez été leur ami intime ?

— Je les connaissais tous les deux, » dit le monsieur timide.

Sur quoi M. Dombey lui fit l’honneur de trinquer avec lui.

« Il était diablement bon enfant ce Jack, dit le cousin Feenix en se penchant encore pour sourire.

— Excellent, répondit le monsieur timide que le succès enhardissait ; c’était un des meilleurs enfants que j’aie jamais vus.

— Vous connaissez sans doute l’histoire, dit le cousin Feenix ?


— Peut-être la connais-je, répondit le monsieur timide de-