Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/278

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« Non, répond l’autre. « — Oh ! bien alors, mon brave, dit le capitaine, voyez-vous, vous feriez mieux de retourner demander à quoi ça ressemble, car je n’en sais rien non plus. »

— Ça n’est pas le moyen de gagner de l’argent, hein ? dit Polly.

— De l’argent, ma mère ! Il n’en gagnera jamais. Il a des façons que je n’ai jamais vues à d’autres. Ce n’est pas un mauvais maître, je dois lui rendre cette justice-là ; mais ça ne me suffit pas, et je ne pense pas rester longtemps avec lui.

— Sortir de votre place, Robin ! s’écria sa mère, tandis que M. Toodle ouvrait de grands yeux.

— Oui, de celle-là, peut-être, répondit le Rémouleur en clignant de l’œil. Je ne serais pas surpris… quand on est bien en cour, vous savez… mais il ne s’agit pas de cela pour le moment, mère ; tout va bien, ça suffit. »

Les réticences, les airs de mystères du Rémouleur, tout en voulant prouver d’une manière irrécusable combien M. Toodle le soupçonnait à tort par avance, auraient cependant conduit à de nouvelles récriminations sur ses fautes passées, et auraient encore jeté le trouble dans la famille, s’il n’était pas justement arrivé, tout à propos, une visite. Cette personne, à la grande surprise de Polly, était à la porte, souriant à tous d’un air de protection et de bienveillance.

« Comment vous portez-vous, madame Richard ? dit miss Tox. Je viens vous faire une petite visite. Puis-je entrer ? »

La bonne figure de Mme Richard répondit mieux que ses paroles ; et miss Tox, acceptant le siége qu’on lui offrit, salua en passant M. Toodle d’un air gracieux, dénoua les brides de son chapeau, et dit qu’elle voulait commencer par embrasser tous les enfants les uns après les autres.

Le malheureux Toodle, l’avant-dernier, qui sans doute était né sous une mauvaise étoile, tant il éprouvait toujours de tourments domestiques, ne put se présenter comme les autres pour recevoir son baiser. Il s’était amusé d’abord avec le chapeau du sud-ouest, puis se l’était mis sur la tête sens devant derrière, et il lui était tout à fait impossible de s’en retirer. Dans son trouble, il se crut à tout jamais condamné à passer le reste de ses jours dans la plus affreuse obscurité, séparé pour toujours de ses parents et de ses amis ; à cette horrible pensée, il se débattait de toutes ses forces, trépignant et poussant des cris étouffés. Quand on l’eut délivré, sa figure était