Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/280

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Polly qui, avec ce tact naturel aux femmes, avait saisi la chose du premier coup, le témoigna par un petit regard d’intelligence. Quant à M. Toodle, qui n’avait pas la moindre idée de ce que voulait dire miss Tox, pour toute réponse, il ouvrit de grands yeux.

« Comme de juste, dit miss Tox, ce n’est pas le moment de vous dire pourquoi nous sommes un peu en froid, et il serait parfaitement inutile de discuter ici le pour et le contre. Je me contenterai de vous déclarer que j’ai le plus profond respect et le plus sincère attachement pour M. Dombey (la voix de miss Tox trembla), ainsi que pour tout ce qui le touche. »

M. Toodle, qui commençait à comprendre, secoua la tête et dit qu’il avait eu vent de tout cela, et que, pour sa part, il avait toujours pensé que M. Dombey était un mauvais coucheur.

« Oh ! ne dites pas cela, je vous en prie, monsieur, répondit miss Tox ; je vous en prie, ne dites jamais chose pareille, monsieur, jamais de votre vie. Des observations comme celles-là ne peuvent que m’être fort pénibles, et vous serez le premier, bon comme vous l’êtes, à regretter de les avoir faites. »

M. Toodle, qui s’était attendu à une approbation méritée, resta confondu.

« Tout ce que je désire, madame Richard, continua miss Tox, je m’adresse à vous aussi, monsieur, c’est que vous me teniez au courant de ce qui peut arriver à la famille ; dites-moi s’ils sont heureux, s’ils sont en bonne santé. Ce sera toujours un bonheur pour moi de causer avec Mme Richard de cette famille et de notre bon vieux temps ; et comme Mme Richard et moi n’avons jamais eu le moindre différend ensemble, bien que je regrette de ne pas l’avoir connue davantage (c’est un reproche que j’ai à me faire), j’espère qu’elle ne me refusera pas son amitié, qu’elle me permettra d’entrer ici et de sortir quand je voudrai, sans être regardée comme une étrangère. Maintenant j’ose compter, madame Richard, dit miss Tox d’un ton grave, que vous ne me refuserez pas, vous avez toujours été si bonne ! »

Polly était enchantée, elle le témoigna par ses regards ; M. Toodle, qui ne savait s’il était enchanté ou non, conserva son calme impassible.

« Vous savez, madame Richard, dit miss Tox, et je pense que vous le savez aussi, monsieur… que j’aurai mille petites