Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/32

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dans le mollet de monsieur ? dit M. Carker en montrant en plein les siennes.

— Non, monsieur, merci bien, fit Toots : ce n’est rien du tout, je suis très-bien comme ça.

— J’ai le plaisir de connaître M. Dombey, dit Carker.

— Oui, vraiment, vous connaissez M. Dombey ? reprit Toots, rouge jusqu’aux oreilles.

— Et vous me permettrez peut-être, monsieur, en son absence (et là-dessus Carker ôta son chapeau), de vous présenter nos excuses pour cette mésaventure et de vous demander comment cela a pu vous arriver ? »

M. Toots, heureux de tant de politesse, et de la bonne chance qui se présente de faire connaissance avec un ami de M. Dombey, tire son carnet (car il ne laissait jamais échapper l’occasion de le mettre en évidence) et donne son nom et son adresse à M. Carker, qui répond à cette politesse en lui donnant aussi sa carte : sur ce, ils se séparent.

Pendant que M. Carker glisse doucement le long de la maison et regarde aux fenêtres pour apercevoir cette figure pensive qui, voilée par les rideaux, contemple les petits enfants de la maison d’en face, c’est la grosse tête de Diogène qui apparaît à la place : le chien, qui a les pattes sur les vitres, ne fait pas attention à la douce main qui le caresse ; il aboie, il gronde ; on dirait que d’en haut il veut s’élancer sur le gérant, le déchirer et le mettre en lambeaux.

Bravo, Diogène, tu fais bien de veiller sur ta jeune maîtresse. Hardi ! hardi ! ta tête est haute, tes yeux étincellent, ta gueule irritée se mord elle-même, ne pouvant le mordre, lui ! Hardi ! hardi ! pendant qu’il se glisse le long des maisons. Tu as bon nez Diogène ! Xi, xi… au chat, mon garçon, au chat !…



CHAPITRE II.

Solitude de Florence. — État mystérieux du petit aspirant de marine.


Florence vivait solitaire dans la triste demeure de son père : les jours se succédaient, et Florence était toujours seule ; et