Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/79

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veux les voir pour être sûr que ce n’est pas lui. »

Ce qu’il y avait de sûr, c’est que ce n’était jamais lui. Mais enfin s’il ne pouvait arriver à rien, c’était toujours une consolation pour le bon capitaine Cuttle de constater le fait.

À la fin, le capitaine Cuttle renonça à toutes ces recherches infructueuses, et se mit à réfléchir à ce qu’il y avait à faire immédiatement. Après avoir lu et relu attentivement la lettre de son pauvre ami, il considéra que le premier devoir qui lui était imposé était de conserver un gîte dans le vieux logis pour Walter. Aussi le capitaine décida-t-il qu’il s’établirait au lieu et place de Solomon Gills, et qu’il se mettrait à vendre des instruments de marine, en attendant les événements.

Mais le dessein de venir s’établir chez Solomon Gills impliquait l’abandon de son appartement chez Mme Mac-Stinger, et comme il savait que cette femme opiniâtre ne voudrait jamais entendre parler de son départ, le capitaine prit le parti désespéré de se sauver de chez elle.

« Maintenant, mon garçon, dit le capitaine à Robin, quand il eut bien mûri son merveilleux projet, fais attention. Demain on ne me verra dans ces parages qu’à la nuit, mais pas avant minuit peut-être. Veille bien jusqu’à ce que tu m’entendes frapper, et à ce même instant, alerte, et viens m’ouvrir la porte.

— Très-bien, capitaine, dit Robin.

— Tu continueras à être porté sur les rôles de la maison, continua le capitaine avec un ton de bienveillance, et je ne te dis pas que tu n’auras pas d’avancement, si nous naviguons de conserve tous les deux. Mais surtout, aussitôt que tu m’entendras frapper demain pendant la nuit, n’importe à quelle heure, ne perds pas de temps à m’ouvrir la porte.

— Je n’y manquerai pas, capitaine, répliqua Robin.

— Parce que, tu comprends bien, dit le capitaine en revenant sur ses pas pour bien le pénétrer de l’importance de sa commission, que pour une raison ou pour une autre, je puis avoir quelqu’un sur mes talons, et je serais pincé pendant que j’attendrais à la porte, si tu ne l’ouvrais pas vivement. »

Robin affirma de nouveau au capitaine qu’il serait prompt et vigilant. Le capitaine, après avoir pris ces sages mesures, se rendit à son domicile chez Mme Mac-Stinger pour la dernière fois.

Lorsque le capitaine se mit à réfléchir que c’était bien pour la dernière fois qu’il allait chez Mme Mac-Stinger, et qu’il