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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 3.djvu/126

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à leur mine, à tout enfin, car tout chez eux est contraire aux lois de la nature. Mais suivez le charitable prêtre, le bon médecin, qui, tous deux entourés de périls à chaque moment de leur existence, descendent dans les tanières de ces malheureux, où retentissent les échos du bruit pompeux de nos équipages, et les pas des gens affairés qui vont et viennent journellement dans la rue. Jetez les yeux sur ce monde de vice et de misère ; le seul monde, hélas ! d’un milliard d’êtres immortels sur cette terre ! Jetez les yeux sur ces bouges, dont l’idée seule révolte nos sentiments d’humanité, dont l’idée seule fait tant mal aux gens délicats et impressionnables de la rue d’à côté, qu’ils se bouchent bien vite les oreilles et murmurent d’un air dégoûté : « Cela ne peut pas être : je ne veux pas y croire ! » Eh bien ! allez respirer cet air infect et imprégné de miasmes pestilentiels, dangereux pour la santé et la vie : que tous vos sens, dons précieux accordés primitivement à notre race pour sa jouissance et son bonheur, condamnés dans ces repaires à l’horreur du plus profond dégoût, ne livrent plus passage qu’à l’infection de la misère et de la mort. Cherchez vainement dans ces cloaques impurs une simple plante, une simple fleur, une herbe saine encore qui, sur ce lit fétide, puisse atteindre son développement naturel et déployer ses feuilles au soleil que Dieu lui avait destiné ! puis, faites comparaître devant vous un enfant hideux, au corps rachitique, à la physionomie dure et méchante ; déclamez sur sa perversité contre nature ; lamentez-vous de le voir si loin du ciel… presque dès sa naissance. Mais, je vous prie, n’oubliez pas qu’il a été conçu, créé, élevé dans l’enfer.

Ceux qui étudient les sciences médicales et qui font profession de les appliquer à la conservation de la santé de l’homme, nous disent que, si les atomes nuisibles qui s’élèvent au-dessus d’une atmosphère viciée, pouvaient être saisis par l’organe de la vue, nous les verrions s’abattre, sous forme de nuages très-noirs et très-épais, au-dessus de ces habitations maudites et communiquer peu à peu la contagion aux parties saines d’une ville. Mais si nous pouvions voir aussi distinctement tous les désordres moraux inhérents à ces atmosphères impures, que la révélation serait terrible ! C’est alors que nous verrions la dépravation, l’impiété, l’ivrognerie, le vol, le meurtre et ce long et hideux cortège de crimes sans nom qui révoltent les sentiments les plus naturels au genre humain planer au-dessus de ces lieux de malédiction, s’avancer len-