« Hélas ! non, jamais, dit le capitaine Cuttle, d’un air tristement rêveur. Non, jamais !
Hélas ! il gît pour la vie.
Dedans la mer d’Australie, »
rima M. Bunsby qui avait une oreille des plus musicales.
Le bon capitaine fut si profondément touché de ce tribut poétique payé à la mémoire d’un ami qui n’était plus, qu’il lui serra la main pour le remercier et qu’il se vit obligé d’essuyer ses yeux.
« Bien, bien, dit le capitaine en poussant un soupir, quand la complainte citée par Bunsby eut cessé de vibrer dans la salle à manger :
Il souffrit longtemps
De tous ses tourments,
comme dit le volume, vous n’avez qu’à l’ouvrir et vous y trouverez ça.
— Oui, mais, reprit Bunsby.
Et les chirurgiens
N’y entendaient rien.
— Ah ! sans doute, dit le capitaine, à quoi peuvent-ils servir, quand on est à deux ou trois cents brasses sous l’eau. Il revint alors à la lettre et continua ainsi :
« Mais si Walter était là, à l’ouverture de cette lettre, »
Le capitaine involontairement regarda autour de lui et secoua la tête.
« ou bien s’il en a connaissance plus tard, »
Le capitaine secoua encore la tête.
« je le bénis. Dans le cas où le testament ne serait pas légal, peu importe ; car il n’y a d’intéressés que vous et lui, et mon désir est que, s’il vit, il hérite du peu qu’il y a ; mais, s’il en est autrement, ce que je crains, c’est vous, Édouard, qui le remplacerez. Vous respecterez ma dernière volonté, je le sais. Que Dieu vous en récompense ! et aussi de votre bonne et franche amitié pour
« Bunsby, dit le capitaine, en l’invoquant d’un air solennel. Qu’en pensez-vous ? Vous ici présent, qui avez eu, dès votre enfance, la tête fendue tant de fois et qui, à chaque cicatrice,