vallée par un éclat de lumière, une sombre fumée, et disparaît ! Il lui semblait que, s’il ne s’était pas dérangé pour se garer de son passage, il aurait été broyé en mille morceaux. Il reculait et tremblait encore, que déjà le bruit avait cessé dans le lointain et que déjà les lignes de fer qu’il pouvait suivre à la clarté de la lune jusqu’à un certain point de l’horizon étaient aussi vides et aussi silencieuses qu’un désert.
Ne pouvant rester en repos, et attiré par une force irrésistible vers cette route, il sortit et se promena sur le bord de la voie ferrée, reconnaissant le chemin que le train avait suivi par les cendres encore fumantes qui marquaient sa route. Après une promenade d’une demi-heure, dans la direction qu’avait suivie le train, il retourna sur ses pas et marcha dans l’autre sens, mais en suivant toujours le bord de la voie ferrée. Il passa devant le petit jardin de l’auberge et continua à marcher longtemps, regardant avec curiosité les ponts, les signaux, les lanternes, et se demandant quand un autre démon viendrait à passer encore.
La terre tremble, un sourd mugissement vibre dans ses oreilles : il entend au loin un sifflement aigu, une sombre lumière s’approche, se change bientôt en deux yeux rouges. Il voit un feu ardent et des charbons enflammés qui tombent ; une machine d’une force invincible qui mugit et entraîne une masse énorme, un grand vent, un cri aigu et le nouveau convoi a passé, a disparu ; et lui, il s’accroche à la barrière comme pour échapper au danger.
Il en attendit un autre, et encore un autre. Il retourna à sa première place, revint à la seconde, et à travers les fatigantes hallucinations de son voyage, il regardait approcher ces monstres. Il se promena tout autour de la station attendant qu’un train s’y arrêtât. Quand il en vit un s’avancer pour prendre de l’eau, il s’approcha pour l’examiner ; il regarda les lourdes roues, la machine d’airain et songea à la cruelle puissance qu’elle avait. Ô horreur ! Voir ces grandes roues tourner lentement, vous renverser dessous et vous écraser !
Accablé par le vin et le besoin de repos, besoin que rien ne pouvait satisfaire, malgré sa fatigue, il restait absorbé dans ses tristes pensées. Quand il retourna dans sa chambre, ce qui n’arriva guère qu’à minuit, il était encore poursuivi par ces mêmes idées : il écouta l’arrivée d’un autre train.
Même agitation lorsqu’il fut dans son lit ! Il s’y était couché sans espoir de sommeil. Il écoutait toujours ; et, quand il sen-