femme, c’était, en un mot, du bon sens. De l’argent, Feeder, j’en avais. Mais du bon sens, ce n’était pas mon fort !
— Oh ! pardon ! pardon ! vous en aviez, Toots, dit tout doucement Feeder. » Mais Toots repartit :
« Non, Feeder, je n’en avais pas ! Pourquoi le cacherais-je ? je n’en avais pas. Je savais qu’il y en avait là à revendre, dit M. Toots en tendant la main du côté de sa femme. Je n’avais pas de parent à compromettre ou à blesser sous le rapport de la condition sociale, car je n’avais pas de parents du tout. Le fait est que je n’avais personne qui me touchât de près, je n’avais que mon tuteur, et je vous dirai, Feeder, que je l’ai toujours considéré comme un pirate, comme un corsaire. Il n’était donc pas vraisemblable, comme bien vous pensez, que j’irais lui demander son avis.
— Certainement non, dit M. Feeder.
— En conséquence, j’ai agi à ma guise. Ce fut un beau jour pour moi, Feeder, que celui où je pris ce parti ! Il n’y a que moi qui puisse savoir tout ce qu’il y a de capacité dans cette femme-là. Si jamais les droits des femmes et… etc. etc., ont besoin d’un bon défenseur, on peut compter sur sa puissante intelligence, je vous le promets. Suzanne, ma chère, dit tout à coup M. Toots en passant la tête entre les deux rideaux de la fenêtre, je vous en prie, ne vous animez pas.
— Non, mon ami, dit Mme Toots, je cause un peu seulement.
— Mais, mon ange, dit M. Toots, je vous en prie, ne vous animez pas. Vous savez qu’il faut vous ménager : ainsi ne vous animez pas, ma chère Suzanne. Elle s’échauffe facilement, si vous saviez, dit M. Toots en prenant Mme Blimber à part, et une fois lancée, elle oublie les prescriptions du médecin. »
Mme Blimber insistait auprès de Mme Toots sur la nécessité de prendre des précautions pour sa santé, lorsque M. Feeder, bachelier ès lettres, lui offrit le bras, et descendit avec elle rejoindre les voitures en bas pour aller à l’église. Le docteur Blimber donnait le bras à Mme Toots ; M. Toots conduisait la belle mariée ; autour des fines lunettes voltigeaient, comme deux papillons, deux petites demoiselles d’honneur vêtues de robes légères. Le frère de M. Feeder, M. Alfred Feeder, licencié ès lettres, avait pris les devants pour être prêt à remplir ses fonctions.
La cérémonie se passa admirablement bien. Cornélia avec ses petits cheveux crépus, y alla de bon cœur, comme aurait