« Bravo ! Toots, dit-il. Bravo ! c’est fort bien dit, vraiment ; » et il applaudit en même temps d’un signe de tête. M. Feeder répondit par un discours comique saupoudré de sentiment. M. Alfred Feeder, licencié ès lettres, félicita beaucoup le docteur et Mme Blimber. M. Feeder, bachelier ès lettres, ne fit pas moins de compliments aux petites demoiselles d’honneur en robes de gaze. Puis, le docteur Blimber prononça d’une voix sonore quelques pensées dans le genre pastoral. Il parla du toit de roseaux sous lequel Mme Blimber et lui avaient l’intention d’habiter, et de l’abeille qui viendrait bourdonner autour de leur chaumière. Quelques moments après, comme les yeux du docteur commençaient à clignoter, et que son gendre, entre autres déclarations saugrenues, disait qu’ils n’étaient pas pressés et demandait à Mme Toots si elle ne chantait pas, la discrète Mme Blimber leva la séance et conduisit Cornélia aussi calme qu’à l’ordinaire dans la chaise de poste qui l’emporta avec l’homme de son cœur.
M. et Mme Toots se retirèrent à l’hôtel de Bedford, où Mme Toots avait habité autrefois sous le nom de Suzanne Nipper. Ils y trouvèrent une lettre qui prit à M. Toots un temps si considérable à lire, que Mme Toots en fut effrayée.
« Ma chère Suzanne, dit M. Toots, la peur est encore plus dangereuse que l’animation. Je vous en supplie, soyez calme.
— De qui est cette lettre ? demanda Mme Toots.
— Elle est… elle est… du capitaine Gills, mon amour, dit M. Toots. Ne vous animez pas. Walter et miss Dombey sont attendus à Londres d’un moment à l’autre.
— Monsieur, dit Mme Toots, en se levant tout à coup de dessus le canapé et fort pâle, ne me trompez pas, c’est inutile… ils sont déjà arrivés, je le lis sur votre visage !
— Quelle femme étonnante ! s’écria M. Toots au comble de l’admiration. Oui, vous avez raison, mon amour, ils sont arrivés. Miss Dombey a vu son père et ils sont réconciliés.
— Réconciliés ! s’écria Mme Toots en frappant des mains.
— Ma chère, dit M. Toots, je vous en prie, ne vous animez pas. Rappelez-vous l’ordonnance du médecin. Le capitaine Gills me dit… c’est-à-dire, il ne me le dit pas… mais d’après ce que je peux deviner, il me donne à entendre que miss Dombey a emmené son père de la vieille maison dans celle qu’elle habite avec Walter. M. Dombey est fort malade… on croit qu’il en mourra, et miss Dombey ne le quitte ni jour ni nuit. »