n’êtes pas dure pour ces drôles-là, ils n’ont aucune attention. Je me disais donc que je serais bien heureuse, si je vous gardais près de moi ; mais il y a là un si ! Ah ! qu’il est gros, n’est-ce pas ?
— Je n’ai pas l’intention de vous quitter, chérie.
— Ne dites pas cela, vous partiriez tout de suite.
— Vous ne comptez donc pas sur moi ?
— Plus que sur l’or et sur l’argent ; mais… »
Elle s’interrompit, cligna les yeux et le menton, et prenant un air d’une finesse prodigieuse : « Ah ! Ah ! dit-elle.
Qui vient ici ?
Un ami.
Que veut-il ?
Un grain de mil. »
Une figure d’homme, en effet, s’arrêta devant la porte.
« Ne serait-ce pas mister Wrayburn ? demanda la petite ouvrière.
— On le dit, lui fut-il répondu.
— Êtes-vous assez aimable pour entrer ?
— Je ne suis pas aimable du tout ; néanmoins j’entrerai. »
Il tendit la main aux deux jeunes filles, et s’appuya contre la porte, du côté de miss Hexam. Il avait flâné, dit-il, en fumant son cigare ; et avait fait le tour pour revenir par là, et dire bonsoir en passant. « N’avez-vous pas vu votre frère ? ajouta-t-il.
— Oui, répliqua Lizzie un peu troublée.
— Aimable condescendance de sa part. Qui donc était avec lui ?
— Son maître de pension.
— Effectivement ; il en avait bien l’air. »
Personne n’aurait pu dire ce qui annonçait que Lizzie fût émue ; ses manières étaient parfaitement calmes, et cependant on ne pouvait pas douter de son trouble. Eugène conservait toute son aisance ; mais peut-être, quand elle avait les yeux baissés, concentrait-il sur elle plus d’attention qu’il n’en avait jamais accordé à un sujet quelconque.
« Je n’ai rien à vous apprendre, dit-il ; mais je tiens à vous rappeler de temps à autre qu’on a l’œil sur Riderhood ; je ne laisse pas mon ami perdre la chose de vue.
— Je n’en doutais pas, monsieur.
— En général on peut douter de moi ; je l’avoue, dit froidement Eugène.
— Pourquoi cela ? demanda la piquante Jenny.