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Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/13

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belle demeure, Gadshil place, que le petit Charles se promit à première vue d’acheter quand il serait un homme. Ce rêve, qui devait se réaliser, remplit son enfance ; il a écrit depuis avec son originalité habituelle une vision qui lui vint de cette enfance bizarre et méditative :

« J’étais à moitié chemin entre Gravesure et Rochester ; le fleuve, s’élargissant à vue d’œil, portait vers la mer des navires aux voiles blanches ou tout noirs de fumée, quand je remarquai au bord de la route un singulier petit garçon :

« Holà ! lui criai-je, d’où donc es-tu ?

— De Chatham, répondit-il.

— Et que fais-tu ici ?

— Je m’en vais à l’école.

« Je le rejoignis et nous marchâmes ensemble. Bientôt le petit garçon reprit : « Nous arrivons à la colline où Falstaff[1] se rendit pour détrousser ces voyageurs, vous savez ? et se sauva.

  1. Falstaff est un personnage de Shakespeare ; « monstre chargé de graisse, homme en forme de tonneau, bœuf gras rôti avec une farce dans le ventre, » tel est son portrait. Le moral est à l’avenant : gourmand, paresseux, vaniteux, pillard. Il figure dans le drame de Henri IV et dans la comédie les Joyeuses Commères de Windsor. La tradition veut, en effet, qu’il ait habité ces parages.