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Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/15

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— Tu connais ton Falstaff ?

Très-bien, répondit le petit bonhomme. Je suis vieux, j’ai neuf ans, je lis toute sorte de livres ; mais arrêtons-nous, s’il vous plaît, au sommet de la colline, et regardez la maison qui est là.

— Tu la trouves à ton goût ? demandai-je ?

— Dieu vous bénisse, monsieur ! Je n’avais pas la moitié de l’âge que j’ai, que c’était déjà une fête pour moi d’être amené ici devant elle. Et aujourd’hui que j’ai neuf ans, je viens tout seul la regarder. Mon père, me voyant l’aimer si fort, m’a toujours dit : « Si tu as de la persévérance et que tu travailles dur, tu pourras peut-être, un jour à venir, y demeurer. Quoique ce soit impossible ! » ajouta le petit garçon avec un soupir étouffé, mais en ouvrant les yeux de plus belle pour embrasser sa chère maison.

« Je fus assez surpris de ce que me conta là le singulier petit garçon, car il se trouve que cette maison est la mienne, et j’ai lieu de croire qu’il a dit la vérité. »

Le singulier petit garçon n’était autre que lui-même, vous l’avez deviné ; il était en effet très chétif et souffreteux, sujet à des spasmes qui lui interdisaient tout exercice violent. Il n’excella jamais dans les jeux de force et d’adresse prisés si haut par ses compatriotes, mais il avait