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Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/83

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vous savez bien que, vous-même, vous l’avez pris pour un instrument de musique, et c’en est bien un, en effet, pour moi.

— Tout ne l’est-il pas pour toi ! s’écria son père d’un air rayonnant. Tout est vraie mélodie pour ma Phœbé, monsieur.

— Du moins vous l’êtes, vous, cher père. Vous valez pour moi tout un orchestre, dit-elle, joyeuse, en le menaçant de son doigt amaigri.

— C’est assurément très gentil, très filial de votre part ; mais vous flattez votre pauvre papa, ma chérie. » Tout en protestant de la sorte, il ne pouvait s’empêcher d’avoir l’air radieux.

« Non, non, ne le croyez pas, monsieur, ce n’est pas flatterie de ma part, bien sûr ! Si vous l’entendiez seulement chanter, vous verriez bien que je ne le vante pas trop ; mais vous ne l’entendrez jamais, parce qu’il ne chante que pour moi. Quelque fatigué qu’il soit, il me fredonne toujours quelque chose à son retour. Il y a bien, bien longtemps, lorsque je restais là couchée, pauvre petite poupée brisée, il prit l’habitude de chanter pour m’amuser, et bien plus, monsieur, il fit des chansons dans lesquelles il intercalait les petites plaisanteries que nous échangions entre nous ; vous ne croiriez jamais qu’il