Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’extérieur, une forme humaine apparut le visage tourné vers le lit. L’homme se tint debout sur le seuil, puis, à voix basse, et faisant un pas en avant :

— Vendale ! — dit-il.

— Qu’y a-t-il donc ? — s’écria Vendale, qui se trouva debout. — Qui est là ?

C’était Obenreizer. Il laissa échapper un cri de surprise, en voyant le jeune homme venir à lui du côté de la cheminée.

— Vous n’êtes pas au lit ? — fit-il.

Et malgré lui il fit tomber lourdement ses deux mains sur les épaules de Vendale, comme s’il songeait encore à entrer en lutte avec lui.

— Alors c’est qu’il y a quelque malheur.

— Que voulez-vous dire ? — fit Vendale en se dégageant vivement.

— D’abord, n’êtes-vous point malade ?

— Malade ?… non.

— Je venais de faire un mauvais rêve à propos de vous. Comment se fait-il que je vous trouve debout et habillé ?

— Mon cher ami, je pourrais aussi bien vous faire la même question, — répondit Vendale.

— Je vous ai dit que je venais de faire un mauvais rêve dont vous étiez l’objet. J’ai essayé, après cet assaut, de m’endormir. Impossible. Je n’ai pu me résoudre à demeurer dans ma chambre sans m’être assuré qu’il ne vous était rien arrivé, et pourtant je ne voulais pas, non plus, entrer dans votre chambre. Pendant quelques instants, j’ai hésité devant la porte. J’avais peur de vos railleries. C’est chose si facile que